Les premières fois sont toujours particulièrement troublantes.
Ou étonnantes.
En bien ou en mal.
Elles restent toujours en nos mémoires et jalonnent nos vies personnelles, amicales et professionnelles, de bons et de mauvais souvenirs.
Je viens de recevoir ma première lettre recommandée A.R. d’insultes de la part de l’un de mes confrères.
Une vraie.
Une vraie avec des propos insultants, pas simplement de mécontentement, non non, vraiment insultants comme ceux que l’on échange dans une cour de collège, de lycée, une bagarre de rue, etc. etc.
J’ai 60 ans et je viens de recevoir ma première lettre recommandée A.R. d’insultes d’un Confrère.
L’occasion pour moi de réfléchir à l’évolution des relations que nous, avocats, entretenons les uns avec les autres durant les quelques 20, 30 ou 40 années au cours desquelles nous nous côtoyons quasi quotidiennement dans un petit barreau comme le notre.
Certes, lorsque j’étais jeune, existait la condescendance affichée par nos anciens, à l’égard des petits stagiaires ou collaborateurs que nous étions, qui ne vivions pas dans le même monde.
Certes nous nous voyions imposé par ceux que nous appelions alors nos "patrons " un respect parfois plus plaqué que mérité mais que nous n’osions que peu remettre en question.
Toutefois, notre vie professionnelle était, au quotidien, policée par des règles d’une déontologie alors sévèrement appliquée et quasi unanimement respectée, tant son intérêt était bien compris de nous tous.
Jamais n’aurions-nous osé, aux audiences, passer notre dossier avant celui d’un confrère plus âgé, d’un Bâtonnier ou d’un ancien Bâtonnier, d’un confrère d’un barreau extérieur…
Jamais ne nous serait venu à l’idée de plaider un dossier sans que notre confrère adverse ne soit présent, quitte à l’avoir attendu plusieurs heures et de nombreuses fois appelé.
Jamais nous n’aurions interjeté appel d’une décision sans en informer ce même adversaire.
Jamais bien évidemment nous n’aurions échangé invectives ou autres noms d’oiseaux, que ce soit par mots ou par écrit avec un confrère.
Honte à celui qui aurait manifesté telle ou telle marque de défiance envers l’un de ses pairs, et qui aurait été interprétée tant par son destinataire que par nos instances ordinales comme une "indélicatesse ", notion pilier de notre déontologie.
Aujourd’hui, ce pilier comme tant d’autres s’effrite à ce point qu’il risque de s’écrouler.
Nous interjetons appel d’une décision ?
Inutile d’en prévenir le confrère adverse qui, si l’on a un peu de chance, ne sera pas avisé par son client de l’exercice de cette voie de recours et ainsi "zappera " le dossier, nous garantissant ainsi une victoire pourtant bien peu glorieuse.
Le confrère n’est pas à l’heure à l’audience ?
Tant pis, il n’avait qu’à faire en sorte d’y être, je plaide et adieu vat !
Le confrère adverse, pour n’avoir plus d’instructions de son client, ou en proie à quelques difficultés d’ordre personnel, a conclu un jour après la clôture… cela m’est égal, de mon côté cela ne m’arrivera jamais, moi, je suis infaillible, et je lui refuse le rabat de la clôture !
Comment, un Bâtonnier, un ancien Bâtonnier, un confrère plus âgé que moi, un confrère qui vient d’un barreau extérieur auraient priorité et je dois leur céder ma place à l’audience ?
Mais quelle règle poussiéreuse que je n’ai aucunement envie de respecter !
Qu’à cela ne tienne, je passerai devant lui, prétextant n’avoir que quelques explications à donner, voire même un simple renvoi à effectuer.
Mais, est-ce possible, un client ose se montrer insatisfait de l’intervention de son avocat et souhaite en changer, venant me trouver pour assumer désormais la défense de ses intérêts ?
Révoquer son avocat ? Mais quelle outrecuidance !
Comment se permet-il de remettre en cause mes compétences professionnelles et mon dévouement à sa cause ?
Telle est pourtant, précisément, la cause de la lettre d’insultes par laquelle j’ai ouvert ce propos.
L’une de mes consoeurs parisienne, pourtant multi-diplômée, a pris ombrage de ce que une de ses clientes, ne partageant plus ses choix stratégiques, ait fait le choix de me confirmer son dossier afin de mener à bien une procédure de divorce bien mal engagée… et c’est l’insulte, vulgaire à souhait et empreinte d’une animosité et d’une amertume palpable.
Faisant lire ce courrier indigne à l’une de mes collaboratrices, celle-ci m’avouait que, quelques semaines auparavant, s’étant poliment mais fermement opposée à l’une de nos consœurs dans un dossier délicat, se vît murmurer un très distingué "connasse " par une consœur dans un état de furie telle qu’elle lui avait fait perdre toute retenue et à l’évidence la délicatesse qui doit nous gouverner (outre les notions de politesse élémentaire apprises de ses parents !).
Bien évidemment, ce type de comportement est actuellement soumis à nos Bâtonniers respectifs qui y donneront les suites qui s’imposent.
Reste que, il n’y a guère, jamais l’on n’aurait osé écrire en recommandé à un confrère et si nos échanges ont toujours été vifs, parfois très vifs dans l’intérêt de nos clients respectifs, ils n’excluaient jamais la politesse et le respect, valeurs qui, il est vrai, sont en perdition dans la société toute entière.
Le résultat en est une nouvelle illustration de la piètre image que nous semblons nous employons à donner de notre profession déjà malmenée.
Mais, après tout, cette évolution suit malheureusement celle de la société entière.
Comment en serait-il autrement ?
Ou étonnantes.
En bien ou en mal.
Elles restent toujours en nos mémoires et jalonnent nos vies personnelles, amicales et professionnelles, de bons et de mauvais souvenirs.
Je viens de recevoir ma première lettre recommandée A.R. d’insultes de la part de l’un de mes confrères.
Une vraie.
Une vraie avec des propos insultants, pas simplement de mécontentement, non non, vraiment insultants comme ceux que l’on échange dans une cour de collège, de lycée, une bagarre de rue, etc. etc.
J’ai 60 ans et je viens de recevoir ma première lettre recommandée A.R. d’insultes d’un Confrère.
L’occasion pour moi de réfléchir à l’évolution des relations que nous, avocats, entretenons les uns avec les autres durant les quelques 20, 30 ou 40 années au cours desquelles nous nous côtoyons quasi quotidiennement dans un petit barreau comme le notre.
Certes, lorsque j’étais jeune, existait la condescendance affichée par nos anciens, à l’égard des petits stagiaires ou collaborateurs que nous étions, qui ne vivions pas dans le même monde.
Certes nous nous voyions imposé par ceux que nous appelions alors nos "patrons " un respect parfois plus plaqué que mérité mais que nous n’osions que peu remettre en question.
Toutefois, notre vie professionnelle était, au quotidien, policée par des règles d’une déontologie alors sévèrement appliquée et quasi unanimement respectée, tant son intérêt était bien compris de nous tous.
Jamais n’aurions-nous osé, aux audiences, passer notre dossier avant celui d’un confrère plus âgé, d’un Bâtonnier ou d’un ancien Bâtonnier, d’un confrère d’un barreau extérieur…
Jamais ne nous serait venu à l’idée de plaider un dossier sans que notre confrère adverse ne soit présent, quitte à l’avoir attendu plusieurs heures et de nombreuses fois appelé.
Jamais nous n’aurions interjeté appel d’une décision sans en informer ce même adversaire.
Jamais bien évidemment nous n’aurions échangé invectives ou autres noms d’oiseaux, que ce soit par mots ou par écrit avec un confrère.
Honte à celui qui aurait manifesté telle ou telle marque de défiance envers l’un de ses pairs, et qui aurait été interprétée tant par son destinataire que par nos instances ordinales comme une "indélicatesse ", notion pilier de notre déontologie.
Aujourd’hui, ce pilier comme tant d’autres s’effrite à ce point qu’il risque de s’écrouler.
Nous interjetons appel d’une décision ?
Inutile d’en prévenir le confrère adverse qui, si l’on a un peu de chance, ne sera pas avisé par son client de l’exercice de cette voie de recours et ainsi "zappera " le dossier, nous garantissant ainsi une victoire pourtant bien peu glorieuse.
Le confrère n’est pas à l’heure à l’audience ?
Tant pis, il n’avait qu’à faire en sorte d’y être, je plaide et adieu vat !
Le confrère adverse, pour n’avoir plus d’instructions de son client, ou en proie à quelques difficultés d’ordre personnel, a conclu un jour après la clôture… cela m’est égal, de mon côté cela ne m’arrivera jamais, moi, je suis infaillible, et je lui refuse le rabat de la clôture !
Comment, un Bâtonnier, un ancien Bâtonnier, un confrère plus âgé que moi, un confrère qui vient d’un barreau extérieur auraient priorité et je dois leur céder ma place à l’audience ?
Mais quelle règle poussiéreuse que je n’ai aucunement envie de respecter !
Qu’à cela ne tienne, je passerai devant lui, prétextant n’avoir que quelques explications à donner, voire même un simple renvoi à effectuer.
Mais, est-ce possible, un client ose se montrer insatisfait de l’intervention de son avocat et souhaite en changer, venant me trouver pour assumer désormais la défense de ses intérêts ?
Révoquer son avocat ? Mais quelle outrecuidance !
Comment se permet-il de remettre en cause mes compétences professionnelles et mon dévouement à sa cause ?
Telle est pourtant, précisément, la cause de la lettre d’insultes par laquelle j’ai ouvert ce propos.
L’une de mes consoeurs parisienne, pourtant multi-diplômée, a pris ombrage de ce que une de ses clientes, ne partageant plus ses choix stratégiques, ait fait le choix de me confirmer son dossier afin de mener à bien une procédure de divorce bien mal engagée… et c’est l’insulte, vulgaire à souhait et empreinte d’une animosité et d’une amertume palpable.
Faisant lire ce courrier indigne à l’une de mes collaboratrices, celle-ci m’avouait que, quelques semaines auparavant, s’étant poliment mais fermement opposée à l’une de nos consœurs dans un dossier délicat, se vît murmurer un très distingué "connasse " par une consœur dans un état de furie telle qu’elle lui avait fait perdre toute retenue et à l’évidence la délicatesse qui doit nous gouverner (outre les notions de politesse élémentaire apprises de ses parents !).
Bien évidemment, ce type de comportement est actuellement soumis à nos Bâtonniers respectifs qui y donneront les suites qui s’imposent.
Reste que, il n’y a guère, jamais l’on n’aurait osé écrire en recommandé à un confrère et si nos échanges ont toujours été vifs, parfois très vifs dans l’intérêt de nos clients respectifs, ils n’excluaient jamais la politesse et le respect, valeurs qui, il est vrai, sont en perdition dans la société toute entière.
Le résultat en est une nouvelle illustration de la piètre image que nous semblons nous employons à donner de notre profession déjà malmenée.
Mais, après tout, cette évolution suit malheureusement celle de la société entière.
Comment en serait-il autrement ?
voila que maintenant ils ne s'en prennent plus a leur client en bafouant leur travail non comme si ça ne suffisait pas désormais ils s'attaquent entre eux .. dans quel monde vit on ? je me le demande que trop souvent !
Beaucoup de pére son victime de leur non professionnalisme, a bout de force de voir qu'ils sont dans leur droit et que hélas rien avance , dernièrement un papa fait une gréve de la faim à valence... est ce normal de nos jours ?? NON absolument et pourtant ...
Rédigé par : Mislys | 04 décembre 2012 à 09:14