A l’heure où les procédures devant les juridictions familiales font la part belle à la parole de l’enfant, naissent les inquiétudes des parents sur la fiabilité des propos de ces derniers, pris dans la tourmente et les souffrances inhérentes à toute séparation d’autant plus si elle est conflictuelle.
Ces craintes sont de plusieurs ordres : enfant ostensiblement manipulé par un parent plus en quête de revanche ou de vengeance que de souci de son intérêt, enfant acheté volontairement dans le même but de manipulation ou, involontairement pour masquer un sentiment de culpabilité, enfant tiraillé dans un conflit de loyauté, soucieux de ne faire de peine ni à l’un ni à l’autre de ses deux parents ou qui préfèrera se sacrifier sur l’autel de la tranquillité...
Il est également des parents qui, de toute bonne foi, s’auto convainquent de ce que leur enfant ne pourra être heureux qu’auprès d’eux parce que, eux-mêmes ne pourraient être heureux qu’auprès de lui...
Certes me direz-vous l’enfant peut maintenant être entendu par le Juge, éventuellement accompagné de son avocat, double garantie contre ces risques.
Malheureusement et ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de l’exprimer dans de précédentes chroniques, ni les magistrats, ni nous-mêmes, ne sommes formés pour recueillir de façon fiable la parole d’un enfant, déceler chez lui la manipulation, la pression, voire le seul mal être qui peut, à son insu parasiter voire totalement pervertir sa pensée.
C’est pour cette raison qu’afin d’être sûr de la parole de l’enfant avant que d’engager l’un ou l’autre de ses parents dans une procédure qui risque d’être dévastatrice pour tout le monde, j’ai, depuis de nombreuses années, pris l’habitude, dans les cas délicats, de conseiller à mes clients de faire examiner leur enfant par un psychologue, expert prés la Cour d’appel qui, bien que consulté à titre privé, applique à ses examens les mêmes règles de sérieux et de neutralité que s’il s’agissait d’expertises judiciaires.
Ce professionnel, rompu à ce type de pratique par de longues années d’expérience nous livre ainsi la "vraie" parole de l’enfant.
Cette démarche, qui nous amène, au demeurant, dans un certain nombre de cas à conseiller à nos clients de renoncer purement et simplement à la procédure qu’ils avaient un temps envisagée, est généralement appréciée des juridictions familiales devant lesquelles nous plaidons.
C’est ainsi que les Magistrats valident très généralement cette démarche dont ils comprennent le sens et l’utilité.
Certaines décisions reprennent même des pans entiers des constatations et conclusions de ce praticien pour expliquer et justifier la position de leur auteur.
Malheureusement, nul n’étant prophète en son pays, des critiques ont été émises devant la juridiction dont je relève, critiques qui émanaient au demeurant tant de Magistrats que de certains de mes confrères qui n’hésitaient pas à mettre en cause l’indépendance de cet expert.
L’un de ces confrères est récemment allé jusqu’au bout de sa démarche, dans laquelle il a entraîné l’un de ses clients et n’a pas hésité à engager la responsabilité professionnelle de ce praticien, à qui il reprochait notamment et à plusieurs titres, la violation des textes du Code de Déontologie régissant sa profession.
Si les premiers juges se sont engouffrés dans l’argumentation vague et imprécise, et surtout partiale et vindicative de mon confrère, retenant une faute professionnelle de cet expert, la Cour est venue à son tour sanctionner cette condamnation, estimant de façon longuement et précisément motivée que ce psychologue avait d’une part, particulièrement circonscrit et précisé les termes et conditions de son intervention, d’autre part parfaitement respecté le Code de déontologie dont la violation lui avait été reprochée.
Grand soulagement pour ce professionnel de la décision ainsi rendue mais également grande satisfaction pour l’auxiliaire de justice que je suis et les justiciables que je défens.
Cette pratique que, sauf erreur de ma part j’ai été le premier à mettre en œuvre est ainsi clairement validée et pourra en conséquence continuer à aider les parents dans les prises de décisions concernant leurs enfants et ces derniers dans la libre expression de leur souhait.
Vous avez tellement raison! Merci pour l'article!
Rédigé par : Droit des étrangers | 23 juillet 2013 à 15:32