J’avais réellement le sentiment d’avoir touché le fond de la lie au travers des différents dossiers traités au Cabinet depuis 28 ans.
Plus de 6 000 procédures de divorces ou de séparations, ça forge le caractère et l’on ne se fait plus guère d’illusion sur l’humanité en général et nos contemporains en particulier.
Quel que soit le statut social, la formation, les études, la religion, la bêtise est la même, clairement et équitablement partagée chez bon nombre de candidats à la rupture de l’équilibre familial.
Et bien j’étais dans l’erreur !
L’histoire commence il y a une quinzaine d’année.
Un jeune marin au long court durant une escale exotique, noue une relation de proximité avec une charmante native disposée à dispenser, quelques minutes agréables de son temps.
De retour au pays, le marin a tout oublié de l’aventure jusqu’au jour où il reçoit une procédure devant le T.G.I en recherche de paternité.
L’action valide la chose et, se double d’une procédure devant le Juge aux Affaires Familiales qui donne à notre heureux papa un droit de visite et d’hébergement classique dont il se satisfera pendant des années.
Il serait illusoire de prétendre que, pendant toute cette période les choses se passent correctement puisque la guérilla est toujours d’actualité.
Au mois de juin dernier alors que la mère séjourne dans on pays d’origine, le jeune homme met tragiquement fin à ses jours à la suite d’une rupture sentimentale.
Rien à voir avec le conflit parental pensez-vous ? voire : je suis persuadé que des séparations contentieuses laissent chez des enfants devenus adultes des sillons qui ne se referment pas : ils sont à mon sens, dans la plupart des cas, plus fragiles que les autres.
La mère est prévenue en urgence, rentre en France et participe naturellement aux obsèques de son fils.
La douleur est partagée mais la haine couve.
Il y a quinze jours environs, je reçois un appel du père.
Il vient d’être informé par la Mairie de son village que, la mère par l’intermédiaire d’un avocat a demandé l’exhumation du corps à fin de crémation.
La lettre arrive deux jours avant l’opération, je jour de l’anniversaire de l’enfant décédé qui aurait eu 17 ans.
Pour justifier sa demande, la mère fait indiquer qu’elle est seule titulaire de l’autorité parentale.
C’est naturellement un ânerie juridique énorme puisque l’enfant étant mort, il n’est plus question d’autorité parentale.
La mairie est cependant divisée.
Il nous faut d’urgence saisir le Président du Tribunal de Grande Instance d’un référé d’heure à heure pour bloquer les opérations d’exhumation.
Le père en pleur dans mon bureau me raconte que, toute la famille était le matin même réunie au cimetière pour fleurir la tombe de l’enfant et lui souhaiter bon anniversaire.
Ce qui ont vécu le traumatisme violent d’une disparition subite quelle qu’elle soit comprendront toute la portée de ce geste.
Il ne peut pas se résoudre à voir repartir à l’autre bout du monde les cendres de son enfant.
L’audience est lourde.
La mère produit une photocopie de lettre écrite dans sa langue d’origine soi-disant par l’enfant qui, en deux pages, demande à être incinéré et à retourner avec sa mère.
Le Juge exige l’original car, nous lui indiquons que, l’écriture est suspecte d’autant plus que l’enfant n’écrivait pas la langue, même s’il la parlait.
Il y a renvoi.
A la 2ème audience point d’original et, le Juge constate que la lettre a été écrite pas un tiers pour les besoins de la cause.
Avouez tout de même qu’il faut une sacrée dose de culot pour utiliser ce genre de moyen devant la Justice dans des circonstances pareilles.
Le père obtient provisoirement gain de cause si tant est, qu’en cette matière il y ait véritablement un vainqueur.
Tout ceci pour souligner que la haine et la bêtise sont sans limite.
Jamais je n’aurais imaginé qu’un parent aurait pu sur le cercueil de son enfant continuer le combat de la séparation vieux de plus de 15 ans.
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