Les couloirs du palais de justice ont remplacé le mercredi après-midi, les terrains de sport, les aires de jeux, les cinémas, en bref tous ces lieux de plaisir que nous avons fréquenté naguère
Aut temporis, aut mores : Les jeunes mineurs du 21ème siècle n’ont plus les mêmes aspirations ni pôles d’intérêt.
Notre génération, insouciante, a été remplacée avec le changement de siècle, par une autre beaucoup plus mâture, ce qui est, quelque part, un petit peu effrayant.
Il faut maintenant décider de tout et intervenir dans tous les domaines de la vie courante, en devenant avant l’heure un adulte.
Ces interventions incluent naturellement le divorce et la séparation des parents.
Certes, le législateur, dans sa grande sagesse, a largement contribué à ce changement de mentalité.
Ne sachant plus à quel saint se vouer, il a, dès 1987, palier la diminution inquiétante des effectifs judiciaires par des auditions systémiques ou pas, accompagnées par des avocats ou pas d’ enfants du divorce et de la séparation
Le problème est qu’en la matière, la parole d’un enfant est d’une immense fragilité et la jurisprudence est divisée.
Un Juge aux Affaires Familiales du Sud considère que si l’on rapporte la preuve de son discernement, un enfant de moins de 5 ans peut-être entendu … !
D’autres placent la barre autour de 7 ans.
D’autres refusent carrément les auditions d’enfants, et je les en remercie .
Tout ceci est absolument terrifiant.
Le système marque l’inconscience, pour ne pas dire l’irresponsabilité des parents qui ne sont même pas capables d’un minimum d’intelligence pour préserver leurs enfants.
Ils marquent la faillite totale du système,
Il préfère l’audition d’un enfant accompagné par des avocats qui ne sont absolument pas spécialisés, à un recours quasi systématique comme cela se fait, heureusement mais trop rarement, dans certains tribunaux, à des psychologues professionnels, dont le métier est d’entendre les enfants et de savoir faire le tri entre la déclaration spontanée et le récit conditionné.
Ce sont donc finalement les enfants qui finissent par décider car la plupart du temps, les décisions de justice sont rendues en tenant compte de façon très importante, de ce qui a été dit dans le bureau du juge :ça permet d’aller plus vite.
Parallèlement, le système des médiations familiales dont on sait qu’il ne fonctionne que très mal en France, continue à prospérer : aux frais des justiciables et non plus de l’état, ceci expliquant peut-être cela.
Pouvons-nous envisager de réagir ?
De mon point de vue, Oui, en abrogeant l’article 388-1 du Code Civil qui dispose :
« Dans toute procédure le concernant, le mineur capable de discernement peut, sans préjudice des dispositions prévoyant son intervention ou son consentement, être entendu par le Juge ou, lorsque son intérêt le commande, par la personne désignée par le juge à cet effet.
Cette audition est de droit lorsque le mineur en fait la demande. Lorsque le mineur refuse d’être entendu, le juge apprécie le bien fondé de ce refus. Il peut-être entendu seul, avec un avocat ou une personne de son choix. Si ce choix n’apparaît pas conforme à l’intérêt du mineur, le juge peut procéder à la désignation d’une autre personne.
L’audition du mineur ne lui confère pas la qualité de partie à la procédure.
Le juge s’assure que le mineur a été informé de son droit à être entendu et à être assisté par un avocat. »
Celui ou celle qui a écrit cette étrange disposition, incluse dans la loi dite de protection de l’enfant (c’est un doux euphémisme), avait-il réfléchi à ce qui allait se passer quelques jours, voire quelques heures avant l’audition par le juge ?
Spectacle pitoyable auquel l’une de mes collaboratrices a assisté, il y a quelques temps.
L’enfant sortait du bureau du juge, en pleurs, terrorisée à l’idée d’avouer au parent accompagnant qu’elle n’avait pas récité la leçon apprise depuis des jours…
Quel progrès dans le droit de la famille et dans la protection de l’enfant !
Ce sont les adultes,qui laissent se dérouler ces pitoyables spectacles,qui sont responsables d’une génération d’enfant perdus dont on peut penser qu’à leur tour,ils deviendront des adultes instables et ainsi de suite...
Suite... dans quelques années.
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